Techniques de pêche
L’aïmara, jaguar du fleuve, roi incontestable des rivières guyanaises
Pêcher l’aïmara : une aventure !
Pour un pêcheur pur et dur, l’aïmara se pêche toute l’année. Les saisons en rythment la pêche. Durant la saison des pluies, les poissons sont beaucoup plus actifs car ils sont en recherche de nourriture. Les postes sont de ce fait plus difficiles à déterminer, alors qu’en saison sèche, les poissons ont tendance à ralentir leur activité mais restent agressifs, avec une multitude de postes de pêche bien marqués et souvent bien oxygénés.
Toutes les techniques sont envisageables. Les plus productives, la pêche aux appâts naturels, au posé (morceaux de poissons, volatiles, tripes d’animaux), au vif, à soutenir, et les pêches en dérive, toc et poissons morts maniés.
STOP !!! Merci d’arrêter de tuer inutilement des oiseaux pour pêcher l’aïmara, et surtout les perroquets, martin-pêcheurs et toucans !
Les pêches aux leurres lancés et fouettés imitant oiseaux, petits mammifères, insectes, batraciens, poissons, etc, pour pêcher les berges et les zones de contre-courant des fleuves, des sauts et des criques. En général, une animation précise sur un poste suffit. Idéal pour les pêches de dérive.
L’aïmara se pêche traditionnellement avec des cannes en « Mamayaoué » coupées sur place, escher d’appâts vivants ou tués fraîchement (petit oiseaux, rongeurs) en agitant l’eau la journée. A la trappe, cordelette avec bas de ligne acier, un hameçon de 10/15/0, le tout accroché à une branche souple ou avec des nasses type « camina » ou « gauli ».
Très curieux et réactif aux bruits, on le capture par une pêche de poste (eau calme et eau courante).
Redoutable, il est à l’affût des petits poissons, mais devient lui-même proie le soir lorsqu’il se déplace, car son ombre se détache sur le sable, zone qu’adore l’aïmara lorsque la nuit tombe, qui, tout en restant très vigilant, surveille tous les mouvements dans un grand rayon d’action grâce à sa vue dirigée vers le haut.
L’agressivité de l’Aïmara est flagrante, il ne peut laisser s’échapper sa proie. Son attaque brutale surprend de nombreux pêcheurs qui, par réflexe de surprise, lui arrachent le leurre de la gueule.
Une fois ferré, il demande une grande fermeté de la part du pêcheur et un frein bien réglé, car il sait très bien se servir des nombreux obstacles naturels, comme les roches ou les embâcles (accrochages assurés si manque de maîtrise).
Suit un combat spectaculaire qui s’effectue souvent dans un périmètre restreint, avec plusieurs rushs et coups de tête furieux. A son arrivée près de la surface, il crève l’eau en de magnifiques chandelles suivies de derniers rushs puissants autour du bateau.
Malin, l’aïmara se laisse parfois amener au bateau sans résistance et là, à portée du Boga-grip, de la gaffe ou de l’épuisette, il se met à se débattre et démarre rageusement directement sous le bateau ou directement à l’aplomb de la berge, y trouvant rapidement la branche ou la racine salvatrice. C’est surtout lorsque le combat a paru facile que le poisson surprend le pêcheur d’un départ puissant vers l’obstacle le plus proche.
Manipulations et No-kill
Manipuler un Aïmara n’est pas chose aisée, car vu les dents, impossible de le prendre par la bouche. Les ouies également sont agressives, et prendre le poisson par les yeux, c’est prendre le risque de le lâcher dans le bateau encore bien vivant, ce qui amenuise ses chances de survie dans le cadre d’une pêche no-kill.
On peut éventuellement le saisir par le dessus des opercules, mais pas par les ouies – sauf avec des gants afin d’eviter d’avoir les mains écorchées. Ces manipulations ne sont à faire qu’en dernière extrémité.
• Avec la gaffe, qui sert le long des berges abruptes, on peut le saisir en faisant un trou sous le « menton » car, n’aspirant pas ses proies, cela ne le gênera pas longtemps.
• L’épuisette de plus en plus utiliser malgré l’encombrement et les problème de démêlage. Le poisson est souvent épuisé avant la fin du combat, donc avant d’avoir été complètement vaincu, gesticulant et sautant fortement dans le fond du canot. Pas des plus sportif, mais peu servir en certaines occasion.
• Avec le Boga-grip, il faut faire attention aux modèles à faible ouverture (même s’ils servent pour des carangues) car la lèvre inférieur de l’Aïmara est très épaisse. Néanmoins, le Boga-Grip apparaît actuellement la meilleure solution. Evitez les modèles tournants. Il sert aussi, une fois le poisson passer par l’épuisette a tenir le poisson par la gueule pour lui retirer les hameçons en sécurité.
• Avec la main, c’est possible mais risqué vu les dents mais aussi les ouïes très agressives et comme pour le brochet, on peut le saisir derrière la mâchoire en passant la main près des ouïes. Cela demande de la maitrise et un poisson bien fatigué et même en faisant attention, la force de l’Aïmara dans ses mouvements de rotation étant surprenantes.
Pour le relâcher, enveloppez le bras par dessus le poisson en mettant la main sous lui pour le stabiliser. Otez le Boga-grip ou la gaffe et posez le délicatement dans l’eau ou le plonger rapidement tête vers le bas.
Au cours de nos expéditions, en dehors des spécimens collectés pour les repas, tous les autres sont relâchés.
Pêche à vue
En dehors des crues, les eaux des criques, quand elles ne sont pas polluées par l’orpaillage, sont souvent très claires, et les zones de roches et de troncs, abritent de nombreux aïmaras pouvant atteindre plus de 10 kg.
Dérive bateau (power fishing)
La pêche en dérive, s’effectue avec un bon pagayeur le long des berges et dans les eaux calmes au milieu des troncs d’arbres et des rochers… En dérive, les poppers et stick-bait restent encore performants, surtout au lancer, car plus rapides pour pêcher le maximum de postes. Néanmoins, Big-bait, poissons nageurs, spinerbait et autres leurres souples prennent de plus en plus de place dans les boites. Parfois, les accrocs et les prises de poisson dans des zones difficiles amènent à des manœuvres énergiques !
Jungle pêche
C’est une pêche à pied le long du fleuve et des criques. La taille des criques est variable et leur remontée n’est pas toujours simple. Comportant un grand nombre de postes, les criques (rivières) moyennes à petites sont souvent encombrées et l’aïmara y règne en maître. Ici, le pêcheur crée son propre sentier (appelé « layon » en Guyane) qui longe les jolies criques, surtout celles composées de zones rocheuses, avec des plages de sable dorées sous le soleil à l’eau couleur de thé : lieux de prédilection de l’aïmara.
Pêche active au vif ou aux appâts naturels
Méthodes de pêche les plus employées, ces techniques se pratiquent avec tout appât vivant ou mort, avec flotteur, plombée, en poste fixe ou en dérive.
« Le coup du matin et du soir »
Les plus gros spécimens se prennent surtout au vif et aux poissons morts, posés et maniés. Car l’aïmara est un fainéant qui se déplace rarement sur une grande distance pour attaquer. De mœurs plutôt nocturnes, l’activité alimentaire est surtout le matin jusqu’à 9h environ et le soir à partir de 16/17h (aux leurres, par l’agressivité, toute la journée). On les entend souvent chasser la nuit lorsqu’ils attrapent une proie surprise ou rabattue près des bordures « gaouw ».
Consultez la liste du Matériel à prévoir
Pêche au toc / dérive…
Prévoir des montages lourds avec appâts volumineux pour prospecter les grands courants puissants, ou sans plomb dans les veines d’eau secondaires des sauts.
Pêche au buldo
Prendre le même matériel que la pêche au lancer. Le buldo sert de « teaser » et doit être suffisamment lourd pour pouvoir être lancé avec précision. Bas de ligne acier, hameçon de 4 à 10/0 pour escher un vif ou un poisson mort.